Le grand froid est loin d'avoir dit son dernier mot, les nuits sont encore très longues : n'eût-il pas été plus logique de célébrer le Nouvel An des arbres au début du printemps ?

Le Rav S.R.HIRSCH explique que nous avons l'habitude de porter des jugements superficiels, tandis que le judaïsme s'attache à l'intériorité des choses. Dans la culture occidentale, l'hiver est synonyme d'obscurité, de mélancolie, de vieillesse et de déclin. Il est connoté négativement. Pourtant l'hiver est tout aussi important pour la nature que les autres saisons : le froid, la pluie ont une action purificatrice, nettoyante, fortifiante sur les arbres. C'est ce grand nettoyage annuel qui assurera la qualité des fruits qui pousseront au cours des saisons suivantes. Le réchauffement climatique, du reste, a montré dans le passé combien un hiver trop printanier pouvait être dommageable pour les récoltes. Et il est très significatif, à cet égard, qu'en hébreu le mot 'horef – qui désigne, au sens premier, l'hiver- loin d'évoquer la vieillesse, signifie aussi la prime jeunesse : car il s'agit de cette tranche de vie durant laquelle nos potentialités encore endormies commencent petit à petit à s'épanouir !

Telle est la leçon de Tou bichevat : que ce soit dans le domaine du profane ou du religieux, les difficultés auxquelles nous sommes régulièrement confrontés, les épreuves que nous traversons, les sacrifices qui nous sont demandés tout au long de notre vie sont à considérer comme des opportunités qui nous sont offertes de nous renforcer, de nous dépasser, de développer des qualités insoupçonnées.

La période de pandémie actuelle, en ce tou bichevat placé sous le signe du variant omicron, doit, elle aussi, être appréhendée et gérée sous cet angle.

Puissions-nous en sortir grandis, plus forts, plus résistants, plus généreux, plus performants, plus croyants, plus observants- en un mot : meilleurs !

Car l'hiver construit et annonce le printemps ; après la pluie le beau temps.

Rav Michel GUGENHEIM

Grand Rabbin de Paris